
Source: AP
Donald Trump s'adresse aux journalistes, le 13 décembre 2025, à Washington. [Photo d'illustration]
La confrontation entre Donald Trump et les grands médias prend une nouvelle tournure. Le président américain attaque en justice la BBC, accusée d'avoir trafiqué l'un de ses discours dans un documentaire diffusé avant la présidentielle de 2024. Il exige jusqu'à 10 milliards de dollars pour diffamation et manipulation.
Le 15 décembre, Donald Trump a déposé une plainte contre la BBC auprès du tribunal fédéral du district sud de la Floride. Il reproche à la chaîne publique britannique d'avoir « intentionnellement et malicieusement » déformé ses propos dans un épisode du programme « Panorama », intitulé « Trump: Second Chance ? ». Diffusé à peine une semaine avant la présidentielle de 2024, ce documentaire aurait été conçu dans le but de nuire à sa candidature et d'influencer le scrutin.
Dans ce dossier, le président américain demande au moins 5 milliards de dollars de dommages pour diffamation. Il ajoute une seconde réclamation, portant également sur 5 milliards, pour violation de la loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses, portant ainsi le montant total potentiel de l'indemnisation à 10 milliards de dollars. La plainte exige également un procès devant jury.
Le cœur de l'affaire concerne le discours que Trump a prononcé le 6 janvier 2021, jour des événements au Capitole. La BBC aurait assemblé de manière trompeuse différents passages de cette allocution. Des appels au calme auraient été supprimés, tandis que certaines phrases auraient été artificiellement juxtaposées, créant l'illusion que Trump incitait directement ses partisans à l'attaque. Parmi les exemples cités dans la plainte figure cette séquence montée où l'on entend successivement : « Nous allons au Capitole », suivi de « Je serai avec vous », puis « Nous allons nous battre de toutes nos forces ». Or, ces propos n'auraient jamais été prononcés dans cet enchaînement.
Crise interne et réponse mitigée de la BBC
La diffusion du documentaire a provoqué une crise sans précédent au sein de la BBC. Dès le mois de novembre, son directeur général Tim Davie et la directrice de l'information Deborah Turness ont présenté leur démission. Le président de l'institution, Samir Shah, a adressé une lettre d'excuses à Donald Trump, reconnaissant un « mauvais jugement éditorial », tout en niant toute intention de nuire.
Pour l'administration Trump, ces excuses restent insuffisantes. La plainte souligne que la BBC n'a montré « ni remords véritables ni volonté de réforme institutionnelle ». Le président américain a salué les départs des dirigeants, tout en qualifiant les journalistes de la chaîne de « corrompus » et la direction de « malhonnête ». Il a également remercié The Telegraph pour avoir révélé les manipulations du documentaire.
Une stratégie judiciaire assumée contre les grands médias
Ce nouvel épisode s'inscrit dans une stratégie juridique que Donald Trump mène contre les grands médias, qu'il accuse de partialité et de désinformation. Il a déjà engagé des procédures contre CNN, The New York Times, ABC News, CBS et d'autres groupes américains. Plusieurs de ces affaires se sont réglées à l'amiable, parfois avec des compensations financières conséquentes.
La plainte a été déposée aux États-Unis, car les délais légaux pour une action au Royaume-Uni étaient expirés. Les avocats de Trump cherchent désormais à démontrer que la BBC a agi avec l'intention de nuire, condition nécessaire pour contourner les protections constitutionnelles accordées aux médias dans le droit américain.
Pour Donald Trump, cette affaire est emblématique d'un système médiatique occidental qui agit souvent comme un acteur politique à part entière. « Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi faux que ce que la BBC a fait », a-t-il déclaré, en conclusion d'un nouveau bras de fer engagé contre ce qu'il qualifie de fake news.